Candidature d'une jeunette fraîchement débarquée

Nombre de messages : 16 Age : 28 Date d'inscription : 07/09/2012

Le couvent... Un lieu fascinant. Un lieu où l'on avait sans doute bien envie de rester quelque temps, pour s'accomplir, pour le plaisir simple de la piété et de l'étude conjuguées. Si les premières années là où sa mère l'avait fait placer dès ses premiers mois s'étaient déroulées sans qu'Eloïse-Prudence ne se pose de questions, les suivantes en avaient amené pléthore.

D'un coup, vers l'âge de huit ans, elle s'était demandé pourquoi sa mère, qu'elle savait vivante puisqu'elle envoyait de temps en temps de quoi la faire nourrir et entretenir par les bonnes religieuses, ne venait pas la voir. "La religion enseigne l'amour et le prône bien au sein de la famille... Pourquoi ma mère ne s'intéresse-t-elle pas à moi ?" "Je n'en sais rien, mon enfant, mais elle veille à ce que tu sois à ton aise ici", était la réponse la plus courante. Plus tard, quand elle avait approché de ses treize ans, peu avant de sortir du couvent à vrai dire, elle avait appris qui était cette femme qui, même lorsqu'elle avait fait des séjours en Maine, ne lui avait jamais rendu visite.

Incompréhension dominait donc l'esprit de la jeunette quand elle se retrouva à s'installer à Laval, accompagnée d'une domestique généreusement envoyée par sa génitrice. Mais dans cette incompréhension, une idée avait vite germé. Elle pourrait essayer de parcourir le monde pour la retrouver, pour essayer de savoir pourquoi il y avait eu tant d'années d'absence.

Et pour parcourir le monde, le plus simple à son âge était de s'en donner les moyens. Comment les trouver, ces moyens ? Là où l'on pouvait faire du voyage son métier tout en employant un peu son intelligence. Et ce fut tout de même intimidée que la jeune fille pénétra dans le palais ducal. Désorientée au début, elle finit par se faire indiquer l'aile où elle devait se rendre. Aile Ouest. Vers le coucher de Soleil...

Quand elle y fut rendue, la première chose qu'elle fit fut de parcourir attentivement de ses prunelles vertes le lieu. Et bientôt, elle disait timidement :

Il y a quelqu'un ? J'aimerais déposer une candidature...

Aller c'est parti ! La voilà de retour à la chancellerie sous la demande du Comte. Après avoir murement réfléchis, Mél s'était décidée à dire oui. En espérant que tout se passe pour le mieux. Elle venait tout juste de s'installer lorsqu'on vint lui prévenir qu'une jeune demoiselle venait poser candidature. Elle prit sa fille avec elle, l'enveloppa dans son écharpe qu'elle serra et attacha contre elle et partit à la rencontre de la demoiselle.

Bonjour Demoiselle, je suis la chancelière du Maine, Melinda Fortida. Pardonnez mon retard, je viens tout juste d'être nommée. Puis-je connaître votre nom s'il vous plait ? Vous venez donc déposer une candidature pour devenir ambassadrice ? Quelle bonne idée !

Mél lui sourit et attendit sa réponse.

Nombre de messages : 316 Age : 62 Date d'inscription : 08/07/2010

La valse des places l'as perturbait quelque peu. Déjà qu'elle n'avait que peu de temps à consacrer à ce poste, là elle ne savait plus trop où elle était. Accueillant la chancelière de Bretagne que théo invita aux jardins, ce fût l'ambassadrice bretonne que le Comte vint accueillir. Et elle, là, plantée à l’accueil ne sachant plus à quel saint se vouer..

C'est plongée dans ses réflexions qu'une voix, enfin même deux voix l'as ramenèrent à la réalité. Reconnaissant l'une et l'autre, elle s'approcha.

Mélinda, euhh je voulais dire. Votre Excellence j'ai grand plaisir de vous revoir. Puis se tournant vers la jeune demoiselle qui se présentait.

Eloise... ? quel plaisir de vous voir déjà si active.

Nombre de messages : 16 Age : 28 Date d'inscription : 07/09/2012

La jeune fille n'eut pas longtemps à attendre. Bientôt, elle fut abordée par une femme tenant un très jeune enfant dans ses bras, qui se présenta comme la maîtresse des lieux. Une révérence l'accueillit donc, dans le respect des règles inculquées par les religieuses, et, une fois relevée, la postulante commença, d'un coup d'un seul un peu nerveuse :

Ma Dame, bonjour... Je suis Eloïse-Prudence d'Eunomia-Erèbe, pour vous servir. Et oui, je viens pour la diplomatie, voir si je peux vous seconder.

Et d'un coup, alors qu'elle craignait de succomber à la fébrilité, une voix s'éleva juste à côté. Une voix connue depuis peu, mais reconnue quand même. La jeune fille laissa se faire les retrouvailles entre la Lavalloise qu'elle avait rencontrée quelques jours plus tôt et la Chancelière, et quand l'attention de la première se reporta vers elle, elle laissa échapper :

Dame Senteur ! Bonjour, ravie de vous voir aussi. Vous êtes ambassadeur ? Vous travaillez dans quelle province ?

Et ce ne fut qu'après ces mots qu'elle remarqua qu'elle avait utilisé un surnom et qu'elle avait posé deux questions qui orientaient la discussion sur Esquimote plutôt que sur Melinda. Penaude, elle reporta ses prunelles vertes sur celle-ci, se demandant bien de quoi la suite serait faite. Avec une seule pensée en boucle sous le crâne... "Ne me dites pas non à cause de mon âge, ne me dites pas non à cause de mon âge..."

Mél sourit à la jeune demoiselle et ouvrit la bouche prête à lui répondre, lorsqu'elle entendit Esqui arriver vers elles. Elle se tourna, sourit à son amie.

Bonjour Excellence. Je suis ravie de vous revoir également.

Mél n'était pas trop à l'aise. Esqui et elle étaient amies, mais comment réagir au sein de l'ambassade ? Des "Excellence" et du vouvoiement étaient obligatoires ? Elle ne savait pas trop. Puis elle regarda les deux femmes tour à tour.

Oh vous vous connaissez ? C'est très bien ça.

Puis se tourna vers la demoiselle Eloise.

Cela fait longtemps que vous vivez dans le Maine ? Et d'ailleurs, puis je savoir dans quelle ville du Maine vous résidez ? Cette dernière question est pour ma curiosité personnelle ...

Mél lui sourit, Eloise avait l'air un peu anxieuse, elle essaya de la mettre à l'aise comme elle pouvait ...

Nombre de messages : 16 Age : 28 Date d'inscription : 07/09/2012

Le sourire de la Chancelière était communicatif. Elle dégageait une impression de bienveillance qui rasséréna quelque peu Eloïse. Aussi, reportant franchement son attention sur elle, la jeune fille continua, plus tranquille :

Eh bien, je... J'ai été élevée dans un couvent proche de Laval. Donc ça fait environ treize ans que j'y réside... Mais je ne suis installée à Laval même que depuis une semaine. Il parait que ma mère a demandé que je quitte les religieuses, elle devait penser qu'elles avaient assez bien fait mon éducation.

Evidemment, alors qu'elle achevait, elle se rendit compte qu'elle avait totalement occulté la question de la Chancelière. Aussi se hâta-t-elle d'y répondre, un sourire se peignant sur ses traits au souvenir de ses premiers jours à Laval :

Et, euh, oui, nous nous connaissons un petit peu... Nous nous sommes rencontrées en taverne il y a quelques jours, et je lui avais écrit le matin même à cause de la prise de mairie de Laval.

Et sur ses mots, Eloïse jeta un coup d'oeil à Esquimote, toujours souriante, avant de revenir à Melinda.

Mél sourit, voyant que la demoiselle se sentait plus à son aise. Première étape réussie. Elle l'écouta attentivement avant de lui répondre :

Bien tout ça. Malheureusement, vous n'êtes pas entrée dans la vie active depuis assez longtemps pour devenir ambassadrice de suite. Ce que je peux vous proposer, c'est de vous tester un peu sur vos connaissances du Maine, ainsi que sur la chancellerie, le rôle d'un ambassadeur ... Et ensuite nous verrons. Vous pourrez être ambassadrice, mais disons en essai. Et si tout se passe correctement, ce que je ne doute pas, vous serez une véritable ambassadrice. Qu'en pensez vous ?

Puis elle l'écouta parler d'Esqui.

C'est bien de la connaitre, Esquimote est une femme très gentille. Peut être pourra t-elle vous aider si vous devenez ambassadrice.

Elle lui sourit, attendant sa réponse.

Nombre de messages : 16 Age : 28 Date d'inscription : 07/09/2012

Oui, sans aucun doute ! Je...

Désarçonnée ? Un peu. La perspective de devenir ambassadeur et de servir à quelque chose avait miroité devant les yeux d'Eloïse avant de s'en éloigner d'un coup. Il faudrait faire ses preuves... Logique, sans doute, même si elle ne se souvenait pas d'avoir vu de mention de cette procédure dans la Charte des ambassadeurs. Cependant, c'était toujours mieux qu'un non franc et massif, et en ce sens la jeunette se trouvait quelque peu rassurée. Si ce n'était pas non, ça pouvait devenir oui. Et une pensée s'envola vers le couvent dont elle sortait tout juste.

Bénies soient les Soeurs qui avaient eu la merveilleuse idée de lui donner quelques idées quant à la conduite des affaires du Maine, qui lui avaient expliqué, quand elle avait été en âge de commencer à en saisir les rudiments, ce que pouvait représenter la conduite d'une province et, a fortiori, d'un royaume. Bénies soient-elles également pour lui avoir enseigner qu'il faut rester humble pour avancer. Humble mais pas trop, avaient-elles ajouté : n'oubliez pas que vous n'avez pas de raison de vous laisser marcher sur les pieds. En l'occurrence, cependant, ce n'était pas se faire marcher sur les pieds, mais se faire rappeler que le chemin peut être long et, qui sait, difficile... Aussi la jeune fille rebondit-elle, toujours souriante :

Et oui, je comprends, pour le fait d'avoir une sorte de période d'essai, si j'arrive à vous convaincre. Par où voulez-vous commencer ?

Mél lui sourit. Elle ne voulait pas lui enlever tout espoir de devenir un jour ambassadrice, juste que ça prenait du temps. Elle aussi avait du répondre à toute sorte de questions quand elle avait postulé. Et elle ne connaissait pas grand chose sur le Maine à cette époque là.

Je suis sure que vous arriverez à me convaincre, disons qu'il faut faire un peu ses preuves. Nous sommes tous passés par la vous savez. Et je suis sure que vous allez y arriver. Déjà vous êtes aimable et poli, ce n'est pas donné à tout le monde ces qualités.

Elle lui sourit puis l'entraina avec elle vers le salon.

Nous allons déjà passé dans un endroit plus confortable pour discuter. Voulez vous boire ou manger quelque chose avant de commencer ?

Nombre de messages : 16 Age : 28 Date d'inscription : 07/09/2012

Des mots rassurants, et voici la jeune fille encore tranquillisée. En somme, la Chancelière lui annonçait qu'elle avait des qualités qui pouvaient être utiles... Eloïse se sentit donc fort encouragée, et emboîta sans aucune hésitation le pas de Melinda jusque là où elle voudrait la mener, répondant dans la foulée à sa proposition de collation :

Je vous remercie, ça ira... Mais ne vous gênez pas pour moi.

Car, si elle-même ne ressentait pas le besoin de s'alimenter ou de boire, il n'y avait pas de raison que la maîtresse des lieux se prive pour elle.

Elles arrivèrent dans le salon puis montra un siège à Eloise.

Vous pouvez vous asseoir ici. Je n'ai pas très faim non plus à vrai dire. Nous allons donc pouvoir commencer.

Mél déposa Lina dans son couffin non loin, puis les deux femmes s'installèrent confortablement.

Allons-y. Donc comme je vous l'ai expliqué, je vais vous poser quelques questions concernant le Maine pour tester vos connaissances.

Déjà, savez-vous comment se nomme notre Comte ?

Ensuite, le Maine fait partie d'un domaine de France, savez vous lequel est ce ? Quelles autres provinces font partie de ce domaine en question ?

Sommes nous en conflit avec certaines provinces ?

Nos frontières sont-elles ouvertes ou fermées ?

Quel est l'état actuel de notre Comté économiquement parlant ?

Mél laissa à Eloise le soin de répondre entre chaques questions.

Nombre de messages : 16 Age : 28 Date d'inscription : 07/09/2012

Un siège fut montré de la main par la Chancelière, et Eloïse y prit place pendant que l'enfant était installée dans un couffin. Et, dès que Melinda fut assise à son tour, les questions arrivèrent. Fini de rire, elles entraient dans le vif du sujet... A mesure que les interrogations s'égrenaient, Eloïse se sentait devenir plus fragile. Elle n'avait pas toutes les réponses... De loin pas. Et si sa mémoire venait à lui jouer un tour, ce serait pire que tout. Se concentrant sur ses réponses, la jeune fille commença :

Notre Comte est actuellement Guillaume du Bivoac. Il me semble avoir vu une annonce quant à son mariage, d'ailleurs, du moins ai-je supposé qu'il s'agissait de lui.

Etait-ce bien lui ? Il n'y avait plus qu'à espérer que oui, mais par déduction il était improbable qu'il s'agisse de quelqu'un d'autre. Avec un peu de chance, elle pourrait donner l'impression de connaître un peu les nobles mainois... Et, sans se donner le temps de vérifier si l'information était bonne, elle continua :

Le Maine fait partie de ce que l'on appelle le Domaine Royal, c'est-à-dire des terres qui... Comment dire... Qui sont la propriété du Roi de France. En fait, il a tout pouvoir sur ces provinces, du moins il a un droit de regard absolu sur ce qui s'y passe. C'est pour ça que ces derniers temps on a entendu parler de tutelles royales : comme il y avait des problèmes de gestion, le Roi a envoyé des émissaires pour voir d'où ça venait. Dans le Domaine Royal, je crois qu'il y a aussi notre voisin, l'Alençon. Et puis la Normandie, le Duché d'Orléans, et... Et...

Et là, le truc qui tue. Le trou de mémoire tant redouté. Juste quand il ne faut pas. Pas de panique, pas de panique, ça va revenir... En fait non. Ca ne revient pas. Le trou devient noir. Il ne revient qu'une information totalement secondaire à la surface de la mémoire de la jeunette, qui manque décidément d'expérience du monde et finit par bredouiller, penaude :

Et une province plus à l'Est. Je crois qu'on y fait un vin qui est très réputé, mais j'ai oublié comment cela s'appelle... Je suis désolée...

Eloïse, penaude ? Si peu... Vaguement, oui. Totalement, en fait. Mais cela ne l'empêcha pas de continuer, enchaînant maladroitement sur la question suivante :

Sinon. C'est difficile de savoir si on est encore en conflit ou pas... En fait, l'année dernière, la Reine de France Nebisa a déclaré la guerre aux provinces d'une alliance qui refusait de se soumettre à son autorité. Ensuite, il y a eu quelques mois de vraie guerre, avec des soldats partout, y compris ici... Et il y a eu une trêve au début de cette année. Sauf... Sauf que depuis, la trêve court toujours, et que la paix n'est pas signée. Enfin je crois... Donc on est toujours officiellement en guerre contre cette alliance, même si on ne se bat plus. Si j'ai bien compris.

Et les dernières questions... Ca aussi, ça allait faire très mal, parce qu'il faudrait bien avouer qu'elle n'avait pas grande idée des réponses à donner.

Je crois avoir vu en arrivant ici, sur un panneau d'affichage, que les frontières du Maine sont fermées... Mais je ne sais pas pourquoi. Et pour la situation économique, je ne sais pas non plus, je sais juste qu'il y a eu une tutelle économique, mais je ne sais pas pourquoi. Ni comment cela se passe... Les religieuses s'occupaient plutôt de m'expliquer ce qui a trait au royaume, et elles m'ont moins parlé de notre comté, surtout ces derniers temps, avec la guerre...

Si le fond de l'excuse était réel, la jeune fille ne put s'empêcher de s'en sentir honteuse, et du fond de son coeur monta : "Pardonnez-moi, Très-Haut, de m'abriter derrière elles... Mais ce n'est que vérité, je n'ai pas à le cacher, n'est-ce pas ?"

Mél écoutait les réponses de la jeune candidature, des bonnes réponses ressortaient, d'autres incomplètes. Mais on ne peut pas tout savoir sur tout. Elle reprit les réponses une par une et répondit :

Alors c'est plutôt pas mal tout ça. Notre Comte est bien Guillaume Du Bivoac et oui c'est bien lui qui se marie le 14 Septembre avec notre chère prévôt, Maelia.

Mél esquissa un sourire à cette première bonne réponse, puis continua.

Ensuite le Maine fait bien partie du Domaine Royal, connu aussi sous l'abréviation DR. Notre Roy a en effet droit à voir tout ce qui se passe dans notre Comté et il peut aussi être en désaccord avec certaines décisions. Le Maine est bien sous tutelle en ce moment, ce qui implique que pour la plupart des décisions, il faut l'accord de la Reyne pour l'économie, et de la Dauphine Karyaan, pour le côté diplomatique. Concernant les provinces, il y a bien le Maine, la Normandie, l'Alencon, l'Orléans et également la Champagne, que vous aviez sur le bout de la langue.

Petit sourire avant de continuer.

Alors nous sommes actuellement en conflit avec l'Anjou, qui est ponantais. Les discussions n'ont pas été facile mais nous sommes à priori sur le bon chemin pour la Paix qui effectivement n'a pas encore été signée. Nous avons été également en conflit avec la Bretagne, mais celle ci a réouvert les discussions entre nos deux provinces donc plus de conflit.

Ensuite, effectivement nos frontières sont toujours fermées, du à cette guerre et il s'agit d'une décision Royale.

Et pour la situation économique, nous sommes effectivement en tutelle, comme nous l'avons dit à l'instant.

Mél fit un rapide point dans sa tête de tout ce qui avait été dit puis continua.

Bien. Passons à la suite. J'aimerais que vous m'expliquez quel est le rôle, selon vous, de la diplomatie et si elle a grande importance ou non dans une province ? Puis, je souhaiterais savoir ce que vous savez sur le poste d'ambassadeur, que doit il faire et quel est son rôle ?

Mél lui sourit et la laissa répondre. Les premières réponses lui convenaient, à voir la suite ...

Nombre de messages : 16 Age : 28 Date d'inscription : 07/09/2012

Si ses réponses n'avaient pas été exactes ni même justes, du moins avaient-elles été accueillies avec bienveillance. Eloïse hasarda donc un sourire à l'adresse de son interlocutrice, et écouta attentivement ses nouvelles questions. A la première, l'idée de la réponse qu'elle donnerait prit instantanément forme dans son esprit, mais se gâta nettement quand elle commença :

C'est très... Vaste. La diplomatie, je pense, est quelque chose d'essentiel pour une province. C'est ce qui permet d'éviter les conflits... Si une province fait quelque chose, pas un acte de guerre mais, disons, une provocation verbale, contre une autre, et que cela entraîne des incidents entre les deux, la diplomatie est forcément un moyen incontournable pour maintenir la paix. Elle a un autre avantage, c'est qu'elle coûte omins cher qu'une guerre... Donc c'est forcément très utile à une province d'avoir une diplomatie forte, même si les armées doivent aider au respect des diplomates... Plus une armée est forte, plus la province est considérée, plus ses diplomates ont de poids. Donc, hum... Je dirais que la diplomatie sert à éviter les incidents ou, au moins, les guerres dans la majeure partie des cas, et qu'elle permet d'aider la coordination entre les provinces alliées. J'ai entendu parler de traités d'alliance militaires, d'alliances économiques parfois, et surtout de coopérations judiciaires. Elle sert par conséquent dans presque tous les domaines, et leur est forcément liée, donc elle est vraiment incontournable, comme je vous le disais.

Décousu, le discours ? Un peu. La jeune fille faisait ce qu'elle pouvait mais avait l'impression de s'embrouiller et de s'enferrer à chaque mot un peu plus. Pourtant, l'idée était claire, dans sa tête... Mais comment la faire passer ? Ne trouvant pas de meilleure manière, elle passa à la réponse qu'il lui restait à formuler :

Pour ce qui est des ambassadeurs... Eh bien, ils sont la voix de leur province à l'étranger. En fait, ils sont plutôt les porte-paroles de leur province, et du conseil et du régnant de la province, ils transmettent les informations, déclarations, lettres officielles... Et ils servent également à rapporter les informations de leur province d'affectation au Maine, dans notre cas, n'est-ce pas ? C'est un travail à double sens, qui demande d'accorder autant d'attention à la province d'affectation qu'à la province d'origine. Et le tout se fait sous l'égide du Chancelier et du conseil, et en particulier du Comte, de la province d'origine de l'ambassadeur, qui doit aussi garder de la neutralité dans sa manière de donner des informations.

Etait-elle dans le vrai, ou sa propre conception de ce qu'était un ambassadeur, ou bien les religieuses s'étaient-elles fourvoyées quand elles lui en avaient parlé ? Seule la Chancelière pourrait le lui dire.

Mél écouta attentivement Eloise. Elle hocha la tête de temps en temps, poussa un léger rire à un moment mais rien de méchant. Elle avait des idées pleins la tête et elle aimait ca. A la fin, elle lui répondit :

Déjà un bon point. La diplomatie tient une place primordial au sein d'un Comté. C'est le cœur de la politique. En effet, elle permet d'éviter les conflits, d’où sa grande importance. J'ai beaucoup aimé quand vous avez dit qu'elle coûtait moins chère que la guerre. C'est une réponse très pertinente car c'est vrai, comme je viens de l'expliquer à l'instant. Il existe effectivement différents traités mis en place entre les provinces pour permettre une bonne entente. Mais ça, vous l'apprendrez sur le tas.

Mél continuait de lui sourire puis finit par répondre :

Et bien concernant le rôle d'ambassadeur, j'avoue que je n'ai pas grand chose à ajouter ... Si ce n'est que c'est lui qui fait le lien entre les provinces. C'est lui aussi qui s'occupe des traités et de la bonne entente entre les duchés et comtés. De plus, un ambassadeur se doit d'être poli et respectueux. Il doit aussi surtout garder son calme. Ce sont les principales qualités.

Mél lui sourit. Les réponses de la jeune demoiselle lui plaisait. Puis elle continua :

Bien c'est pas mal tout ça. Maintenant nous allons faire une mise en situation. Nous allons imaginer qu'une province étrangère souhaite établir un Traité entre nos provinces, leur ambassadeur vous contacte ... Quelle est votre réaction ?

Nombre de messages : 16 Age : 28 Date d'inscription : 07/09/2012

Le petit rire de la Chancelière n'avait rien eu d'hostile, bien au contraire. Il avait quelque chose de revigorant. Aussi fut-ce sans se départir d'une certaine assurance que la jeune fille reprit, après qu'une nouvelle question (ou, du moins, interrogation) fut exprimée par Melinda :

Eh bien... Je pense que je me pencherais d'abord sur l'approche de l'ambassadeur étranger. Comment il formule sa proposition de traité, et ce qu'il veut y mettre. Ensuite, je prendrais un temps pour deux choses, qui n'impliquent pas l'ambassadeur étranger. D'une part, j'informerais le Chancelier et le conseil du Maine. D'autre part, je vérifierais si la province étrangère a des intérêts officieux à trouver avec ce traité, hum... Comment dire ? S'il n'y a pas un motif souterrain et caché à la volonté de conclure un traité. Un procès en cours avec un brigand reconnu qui va s'échapper, un projet ou des velléités belliqueuses contre notre province ou une autre...

Arrêt, le temps d'une petite pause. Ce n'est pas tout, il faut aussi reprendre son souffle, de temps en temps, et Eloïse s'y employa avant de repartir :

Une fois l'accord du conseil et du Chancelier reçus, je reprendrais contact avec l'ambassadeur étranger pour lui faire part de cette réponse. Ensuite... Ensuite, je pense qu'on arrive à la négociation des termes du traité. Et je suppose qu'il faut à ce moment-là faire des allers et retours incessants entre les ambassades et le conseil, n'est-ce pas ? Il ne reste ensuite plus qu'on trouver un accord et faire signer le traité aux deux provinces, enfin, à leurs deux régnants et à leurs chanceliers.

Souriante, cette fois, et assez confiante quant à l'accueil de ce qui relevait, après tout, d'un simple bon sens et d'une acceptation logique de la hiérarchie (après tout, c'était pareil au couvent, les novices en référaient aux soeurs, et les soeurs à la mère supérieure), Eloïse fixa la Chancelière. Avec un peu de chance, elle ne s'était pas plus plantée qu'elle n'en avait l'impression. Espoir, quand tu reviens...

Mél hocha la tête en souriant. C'était pas mal tout ça.

Bien. Vous avez vu juste. La première chose à faire est de prévenir votre chancelier qui lui informera le Comte et le conseil. Ensuite oui il faut se pencher sur les raisons de ce traité, surtout selon la province qui en fait la demande, si nous sommes en conflit ou non avec cette province. Ensuite oui tout se joue entre les ambassadeurs qui vont communiquer entre eux et mettre en forme le Traité, sous la responsabilité du chancelier bien sur. Et oui il faut faire des allées retours incessants ...

Mél fit une pause puis sourit. Elle se mit à réfléchir, à remettre un peu en place les idées dans sa tête. Eloise ferait une bonne ambassadrice. Elle la regarda puis lui dit :

Bien. Vous semblez convenir au poste d'ambassadeur. Seulement comme je vous ai dis, pour l'instant ce sera une période d'essai. Avant de continuer, avez vous des questions ? On inverse les rôles si on peut dire ...

Notre chancelière sourit amusée, jeta un oeil sur sa fille qui dormait toujours puis se reconcentra sur la jeune demoiselle.

Nombre de messages : 16 Age : 28 Date d'inscription : 07/09/2012

Et le verdict tombe. Et c'est un oui ! Victoire ! D'un bond, Eloïse se lève et s'incline dans une révérence profonde (encore une fois, merci aux religieuses de lui avoir appris) face à la Chancelière, s'exclamant :

Oh, mille mercis, ma Dame !

Le sourire ravi ne cachait pas l'enthousiasme de la jeune fille, presque sensible dans sa voix. Se reprenant à grand peine, elle continua :

Hum. Non, je n'ai aucune question, pour le moment... Enfin, si, il y en a bien une. Est-ce que je vais être sous la tutelle d'un autre ambassadeur ? Ou directement sous la vôtre ? Et quand et où est-ce que je commencerai ?

Trois en une, hop !

Mél sourit, rit presque devant l'enthousiasme de la jeune ambassadrice fraichement recrutée. Cela faisait plaisir à voir. elle sautillait presque de joie, cela ne se faisait pas au sein d'une ambassade mais qu'importe pour ce moment.

Je vous en pris. Vous correspondez au profil donc c'est normal.

Elle sourit et écouta ses questions avant de répondre.

Alors, vous serez donc sous mon aile car vous allez reprendre mes anciennes ambassades, lorsque j'étais ambassadrice. Car oui, avant d'être chancelière j'étais ambassadrice ici même.

Et voilà que la chancelière s'égarait ...

Bref, donc vous reprendrez mes anciennes ambassades qui font partie de la zone Est, c'est à dire le Bourbonnais Auvergne, la Bourgogne et le Lyonnais Dauphiné. Je n'ai jamais eu un quelconque souci avec ces ambassades. Je vais rédiger votre nomination officielle pour la faire signer au Comte et à moi même. Vous allez devoir également prêter allégeance. Et je pense que vous allez pouvoir débuter dès demain.

Mél fit une pause puis :

Est ce que cela vous convient ? Avez vous d'autres questions ?

Nombre de messages : 16 Age : 28 Date d'inscription : 07/09/2012

Trois en une, le retour ! Trois ambassades quand la jeunette pensait n'en avoir qu'une à assumer, au mieux. Un sourire ravi se renforça sur son visage à leur énoncé, et elle réprima péniblement un nouvel élan d'enthousiasme, qui se traduisit simplement par :

Oui ! Oui, c'est vraiment parfait, ma Dame. Je vous promets que je ne vous décevrai pas ! Merci pour votre confiance...

Pour l'heure, elle n'allait pas lui dire que le Bourbonnais-Auvergne la rapprochait considérablement de la terre de sa mère et qu'elle ne pouvait que s'en réjouir... Mais il fallait bien dire que l'idée lui plaisait beaucoup. Et puis le Lyonnais-Dauphiné était la terre du suzerain de sa mère, lui avaient dit les religieuses... Dans les deux cas, c'était fort intéressant pour Eloïse. Et la Bourgogne était le berceau de cette Fronde qui avait tant fait trembler les bonnes soeurs. Trois provinces qui devaient être fort riches de travail à fournir, et donc intéressantes. Elle nota dans un coin de sa mémoire de penser à remercier, à tête plus reposée, la Chancelière. Et elle reprit, car oui, il restait quelques questions :

Heu... Pour le serment, je dois passer à côté, c'est cela ? J'y vais dès maintenant, ou faut-il d'abord une nomination signée ? Et... Est-ce que vous pourrez m'enseigner la manière de se présenter dans une ambassade étrangère ?

Mél sourit à l'ambassadrice puis lui répondit.

La première chose à faire, plutôt à dire, c'est que les ambassadeurs et les chanceliers, on les appelle "votre Excellence", ou tout simplement "Excellence". Donc quand vous vous adressez à moi, pas ma Dame mais "Votre Excellence". Et de même avec les autres ambassadeurs, que ce soit les ambassadeurs mainois ou ceux de provinces étrangères et pour les chanceliers. Ca viendra au fil du temps ...

Mél lui sourit avant de continuer.

Vous pouvez aller prêter sermet de suite. Je vais immédiatement établir votre nomination et la faire signer au Comte. Et ensuite, je vous apprendrais quelques bases.

Mél lui sourit, se leva, prit le couffin de Lina et entraina la jeune ambassadrice vers la salle de serment.

Nombre de messages : 16 Age : 28 Date d'inscription : 07/09/2012

Un hochement de tête vigoureux vint ponctuer la remarque de la Chancelière. Si la jeune fille avait passé pas mal de temps à recevoir les enseignements des religieuses, elle n'était pas, et de loin, au fait de l'étiquette et des protocoles à respecter. Aussi répondit-elle, prenant soin, pour une fois, de tempérer ses mots :

D'accord, Votre Excellence, c'est entendu. Je m'en souviendrai.

Un sourire répondit à celui de Melinda, qui récupéra sa fille, puis Eloïse lui emboîta le pas jusqu'à la salle où elle allait prêter serment, comme première étape de son engagement au service du Maine.

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